Récit de Cornélius Accoh
Photos Yann Perez
Chipiron Team :
Nous arrivons dans notre première maison située à quelques kilomètres de Easky (côte Nord/Ouest) un peu avant minuit. Il y a des moutons tout autour. Forcément quel est l’abruti qui veut aller les voir de plus près et qui prend une grosse décharge sur la clôture électrique ? C’est moi. Les moutons ont dû se dire « lui c’est notre bizut de la soirée ». Bienvenue en Irlande.
JOUR 1
Debout à 8h30.
« petit déj ? »
« Non on n’a pas le temps, on fonce ! »
Alors on trace à la recherche de vagues pour notre première session, dans le froid dont nous avions perdu l’habitude. Une fois sur la route, on n’a pas le temps de faire 1km que Damien s’écrie « A gauche ! ». Alors on l’écoute, et Bingo, arrivés au bout d’un chemin plus que douteux s’offre à nos yeux une longue gauche qui déroule le long d’une avancée rocheuse. Les vagues sont belles, mais on ne connaît pas le spot, l’air est froid, l’eau évidemment n’est pas chaude et semble aussi sombre que la Guinness. Bien sûr il n’y a personne. Mais pourquoi sommes-nous ici ? Pour surfer des vagues désertes dans de l’eau froide, avec un paysage à couper le souffle en arrière plan. Alors il est l’heure de s’y coller. Moins de 30 secondes plus tard, Damien et moi partons surfer (on ne parlera pas de la mise à l’eau laborieuse sur des rochers très propices au toboggan tant les algues qui les recouvraient étaient glissantes…).Après une bonne heure à surfer des vagues tous les deux, un gars se pointe le sourire aux lèvres, content de partager sa session avec des étrangers. A la sortie de l’eau, le bonhomme nous indique un endroit sympa et apprécié des locaux pour le breakfast (la faim commençait à se faire ressentir). Il n’avait pas menti. On se refait alors la panse avec de gros bagels bien garnis de poissons, légumes et fromages divers, et un bon café préparé avec soin.
Mais pas le temps de papoter, une seconde session s’impose, le ventre plein cette fois-ci… On surfe une autre droite plus au sud qui déroule tellement longtemps qu’on en a mal aux jambes à chaque fin de vague. Les rares locaux présents nous disent que la vague aujourd’hui ne marche pas très bien...
Après une session en Irlande, la récompense (oui c’est un effort de mettre une combinaison froide et mouillée, et d’aller surfer dans cet environnement hostile), c’est la Guinness. Alors on s’imprègne de la culture locale, nous buvons quelques uns de ces savoureux breuvages puis allons manger dans un petit resto/bar typique du pays pour clôturer cette première journée. JOUR 2
Lorsqu’on se réveille, le paysage qui s’offre à nous est exactement l’Irlande de nos rêves : gris, avec quelques rayons étincelants qui transpercent de temps à autre les nuages noirs et compacts de cette atmosphère froide que le vent se plaît à entretenir.
L’heure n’est alors plus au sommeil, mais bien à l’action : le surf et les photos que nous sommes ici venus chercher. Après quelques beans, saucisses et œufs brouillés préparés par le maître de maison (Damien), nous partons à l’aventure.
Entre prés et champs de céréales, notre voiture avance doucement gré des arrêts brusques de notre artiste Yann, criant qu’« il y a la photo du siècle à faire ! ».Après de longues recherches à travers les prés souvent marécageux (et donc avec de l’eau dans les chaussures) nous parvenons à trouver une vague qui déroule dans une baie le long des rochers et un peu abritée du vent (il y avait plus de 30 nœuds), et qui n’a peut-être même jamais été surfée.
Une fois dans l’eau on a rapidement compris pourquoi. Ce qui nous semblait être un léger courant nous a plutôt fait penser à un fleuve dans lequel nous devions ramer de toutes nos forces pour parvenir à faire moins de 50 m, pour prendre une vague et se retrouver au point de départ, ramer à nouveau pendant 10 minutes pour réussir à prendre une seconde vague tout aussi courte (mais pas moins jolie). Une série décale, on fait tous les trois un canard, on recule de 20m… « C’est bon je sors, ça me casse les c… ! » s’énerve Yann essoufflé. Au moins comme ça on a une excuse pour sortir de l’eau. En tous cas on a surfé, on a mérité notre Guinness.Le soir nous rentrons à la maison, mangeons un copieux dîner, lorsque les lumières du soleil couchant commencent à pointer. Le plus concerné de nous trois pointe son nez dehors et nous dit que c’est le moment d’aller shooter « ce sont des lumières de l’au-delà !» nous répète-t-il sans arrêt.
Nous partons vers l’océan pour trouver l’endroit idéal pour de belles photos. Le résultat, vous l’avez sous les yeux.
La journée bien remplie, il faut se reposer, car le lendemain nous partons pour Bundoran, une petite ville située plus au Nord, dans l’espoir de trouver de jolies vagues, le swell grossissant.JOUR 3
La direction de la houle nous laisse penser que le spot d’Easky est bon aujourd’hui, nous voulons surfer une dernière fois dans cette région avant d’aller à Bundoran.
Une fois sur place, le vent est off-shore et la houle rangée, mais trop petite, les vagues sont molles. On décide alors de rouler plus au Sud, dans l’espoir de resurfer la vague du premier jour, mais c’est aussi trop petit. Après un troisième spot checké, nous nous rendons clairement compte qu’à part Easky, peu de spots doivent marcher. On y retourne. Et surprise, les vagues avaient légèrement augmenté et il n’y avait plus que deux personnes dans l’eau. La session est plutôt sympa, le paysage est beau, et le ciel est entièrement bleu, miracle pour l’Irlande, où il pleut 300 jours sur 365.
La conscience tranquille on peut alors rouler en direction de Bundoran. Sur la route qui nous mène jusqu’à notre nouvelle maison pour les prochains jours, les arrêts photos ou checks de spot ne peuvent même plus se compter. On arrive alors en fin d’après-midi à la maison et allons voir le mythique spot de grosses vagues de Mullaghmore qui se trouve à quelques 10 minutes de route. Les vagues ne sont pas assez grosses pour réellement identifier le spot. Nous profitons alors simplement du paysage, avec ce château digne de Poudlard, posé au milieu des prés, et des falaises encore bien plus impressionnantes en fond de paysage.La nuit commence à tomber, la Guinness et le repas chaud nous appellent. Nous rentrons dans notre nouvelle ville adoptive, et découvrons notre maison, qui n’avait pas été chauffée depuis quelques temps vu le froid qu’il y faisait. J’essaye de prendre un bain, qui se trouve au premier étage. "Pas d’eau chaude en haut" me dit Damien un peu déçu lui aussi. Alors ce sera la douche en bas, un bon repas, et au dodo.
Photos Yann Perez
Chipiron Team :
- Damien Marly aka Dams (surfeur, shaper, fondateur et prof de surf de Chipiron),
- Yann Perez aka Morsay (surfeur, agent immobilier, patron de Woll beer, et photographe)
- Cornélius Accoh aka Coco (surfeur et poto des deux autres zigotos)
Nous arrivons dans notre première maison située à quelques kilomètres de Easky (côte Nord/Ouest) un peu avant minuit. Il y a des moutons tout autour. Forcément quel est l’abruti qui veut aller les voir de plus près et qui prend une grosse décharge sur la clôture électrique ? C’est moi. Les moutons ont dû se dire « lui c’est notre bizut de la soirée ». Bienvenue en Irlande.
JOUR 1
Debout à 8h30.
« petit déj ? »
« Non on n’a pas le temps, on fonce ! »
Alors on trace à la recherche de vagues pour notre première session, dans le froid dont nous avions perdu l’habitude. Une fois sur la route, on n’a pas le temps de faire 1km que Damien s’écrie « A gauche ! ». Alors on l’écoute, et Bingo, arrivés au bout d’un chemin plus que douteux s’offre à nos yeux une longue gauche qui déroule le long d’une avancée rocheuse. Les vagues sont belles, mais on ne connaît pas le spot, l’air est froid, l’eau évidemment n’est pas chaude et semble aussi sombre que la Guinness. Bien sûr il n’y a personne. Mais pourquoi sommes-nous ici ? Pour surfer des vagues désertes dans de l’eau froide, avec un paysage à couper le souffle en arrière plan. Alors il est l’heure de s’y coller. Moins de 30 secondes plus tard, Damien et moi partons surfer (on ne parlera pas de la mise à l’eau laborieuse sur des rochers très propices au toboggan tant les algues qui les recouvraient étaient glissantes…).Après une bonne heure à surfer des vagues tous les deux, un gars se pointe le sourire aux lèvres, content de partager sa session avec des étrangers. A la sortie de l’eau, le bonhomme nous indique un endroit sympa et apprécié des locaux pour le breakfast (la faim commençait à se faire ressentir). Il n’avait pas menti. On se refait alors la panse avec de gros bagels bien garnis de poissons, légumes et fromages divers, et un bon café préparé avec soin.
Mais pas le temps de papoter, une seconde session s’impose, le ventre plein cette fois-ci… On surfe une autre droite plus au sud qui déroule tellement longtemps qu’on en a mal aux jambes à chaque fin de vague. Les rares locaux présents nous disent que la vague aujourd’hui ne marche pas très bien...
On reviendra en Irlande c’est décidé!
Après une session en Irlande, la récompense (oui c’est un effort de mettre une combinaison froide et mouillée, et d’aller surfer dans cet environnement hostile), c’est la Guinness. Alors on s’imprègne de la culture locale, nous buvons quelques uns de ces savoureux breuvages puis allons manger dans un petit resto/bar typique du pays pour clôturer cette première journée. JOUR 2
Lorsqu’on se réveille, le paysage qui s’offre à nous est exactement l’Irlande de nos rêves : gris, avec quelques rayons étincelants qui transpercent de temps à autre les nuages noirs et compacts de cette atmosphère froide que le vent se plaît à entretenir.
L’heure n’est alors plus au sommeil, mais bien à l’action : le surf et les photos que nous sommes ici venus chercher. Après quelques beans, saucisses et œufs brouillés préparés par le maître de maison (Damien), nous partons à l’aventure.
Entre prés et champs de céréales, notre voiture avance doucement gré des arrêts brusques de notre artiste Yann, criant qu’« il y a la photo du siècle à faire ! ».Après de longues recherches à travers les prés souvent marécageux (et donc avec de l’eau dans les chaussures) nous parvenons à trouver une vague qui déroule dans une baie le long des rochers et un peu abritée du vent (il y avait plus de 30 nœuds), et qui n’a peut-être même jamais été surfée.
Une fois dans l’eau on a rapidement compris pourquoi. Ce qui nous semblait être un léger courant nous a plutôt fait penser à un fleuve dans lequel nous devions ramer de toutes nos forces pour parvenir à faire moins de 50 m, pour prendre une vague et se retrouver au point de départ, ramer à nouveau pendant 10 minutes pour réussir à prendre une seconde vague tout aussi courte (mais pas moins jolie). Une série décale, on fait tous les trois un canard, on recule de 20m… « C’est bon je sors, ça me casse les c… ! » s’énerve Yann essoufflé. Au moins comme ça on a une excuse pour sortir de l’eau. En tous cas on a surfé, on a mérité notre Guinness.Le soir nous rentrons à la maison, mangeons un copieux dîner, lorsque les lumières du soleil couchant commencent à pointer. Le plus concerné de nous trois pointe son nez dehors et nous dit que c’est le moment d’aller shooter « ce sont des lumières de l’au-delà !» nous répète-t-il sans arrêt.
Nous partons vers l’océan pour trouver l’endroit idéal pour de belles photos. Le résultat, vous l’avez sous les yeux.
La journée bien remplie, il faut se reposer, car le lendemain nous partons pour Bundoran, une petite ville située plus au Nord, dans l’espoir de trouver de jolies vagues, le swell grossissant.JOUR 3
La direction de la houle nous laisse penser que le spot d’Easky est bon aujourd’hui, nous voulons surfer une dernière fois dans cette région avant d’aller à Bundoran.
Une fois sur place, le vent est off-shore et la houle rangée, mais trop petite, les vagues sont molles. On décide alors de rouler plus au Sud, dans l’espoir de resurfer la vague du premier jour, mais c’est aussi trop petit. Après un troisième spot checké, nous nous rendons clairement compte qu’à part Easky, peu de spots doivent marcher. On y retourne. Et surprise, les vagues avaient légèrement augmenté et il n’y avait plus que deux personnes dans l’eau. La session est plutôt sympa, le paysage est beau, et le ciel est entièrement bleu, miracle pour l’Irlande, où il pleut 300 jours sur 365.
La conscience tranquille on peut alors rouler en direction de Bundoran. Sur la route qui nous mène jusqu’à notre nouvelle maison pour les prochains jours, les arrêts photos ou checks de spot ne peuvent même plus se compter. On arrive alors en fin d’après-midi à la maison et allons voir le mythique spot de grosses vagues de Mullaghmore qui se trouve à quelques 10 minutes de route. Les vagues ne sont pas assez grosses pour réellement identifier le spot. Nous profitons alors simplement du paysage, avec ce château digne de Poudlard, posé au milieu des prés, et des falaises encore bien plus impressionnantes en fond de paysage.La nuit commence à tomber, la Guinness et le repas chaud nous appellent. Nous rentrons dans notre nouvelle ville adoptive, et découvrons notre maison, qui n’avait pas été chauffée depuis quelques temps vu le froid qu’il y faisait. J’essaye de prendre un bain, qui se trouve au premier étage. "Pas d’eau chaude en haut" me dit Damien un peu déçu lui aussi. Alors ce sera la douche en bas, un bon repas, et au dodo.