Irlande ou pays de la terre mouillée - deuxième partie
Récit de Cornélius Accoh
Photos Yann Perez


Nous voilà en Irlande depuis 3 jours. Ce que nous vivons et voyons est à la hauteur de la réputation de l'île. Nous ne parlons pas uniquement de la Guinness... :)

JOUR 4


Dès le réveil nous savons très bien que le surf sera compromis. Le vent souffle très fort, entre 30 et 40 nœuds. Autour d’un café et du petit déjeuner local concocté par Damien, nous décidons d’aller visiter le Nord, vers les célèbres falaises de Slieve League. Comme à notre habitude, nous nous arrêtons de temps à autres sur la route pour trouver des endroits plus reculés ou des endroits plus vaseux où nous ne pouvons pas accéder en voiture. Avant même d’être arrivés aux falaises, Damien et Yann avaient déjà des pataugeoires à la place des chaussures. Quant à moi, je préfère rester plus en retrait et ne pas à avoir à coller mes pieds au chauffage de la voiture pour évaporer l’eau des chaussures.

Nous nous arrêtons dans une boutique qui vend chemises, pulls, chaussons et autres accessoires faits de la laine des moutons des alentours. Puis quelques sandwichs douteux dans le ventre, achetés dans le village voisin, nous repartons à la recherche de ces fameuses falaises, qui ne sont plus alors qu’à quelques kilomètres.Une fois sur place, c’est un véritable spectacle de la nature qui s’offre à nous. Les falaises font plus de 600m de haut. Les couleurs du ciel, les minéraux, la végétation et l’Océan s’entremêlent. Cela nous apparaît comme une danse, ou combat entre Vent, Terre et Mer. Des images plein la rétine, que nous n’oublierons sûrement jamais, sans doute grâce aux photos de Yann, nous pouvons partir à la recherche d’une vague possiblement abritée du vent, qui se calme petit à petit.

La houle d’Ouest grossissant, nous optons pour le Sud de la baie de Bundoran, à environ 1h des falaises. Il ne faut pas tarder avant que la nuit ne tombe. Une fois sur place, nous longeons la baie et trouvons une gauche déserte. Une petite marche avec les ânes et chevaux à travers les champs s’impose pour accéder au spot une fois de plus désert.

Une fois dans l’eau, la vague n’est absolument pas comme prévue.
C’est un gros slab, avec un take-off à fleur d’eau, le vent side/off-shore est tellement fort qu’il freine le départ sur la vague et rend la vague encore plus compliquée.

Le swell en hausse (3m pour 15 de période), de gros sets cassent quelques fois 50m plus loin que les autres nous condamnant inévitablement à nous faire bien remuer, de grosses mousses nous arrivent dessus sans que nous ayons le temps de passer ni d’un côté ni de l’autre. Yann, resté sur la plage de galets tente de prendre quelques clichés alors que cette session tricky ne nous permet à Damien et moi que de prendre 2 ou 3 vagues chacun.

La session ne dure pas longtemps, le soleil (en fait caché par les nuages) se couche. La chaleur de la maison nous appelle, le lendemain risque d’être riche en vagues.

Jour 5


Le vent souffle Sud-Ouest, trop side-shore pour le Sud de la baie. Pourtant la houle est grosse. Nous choisissons d’aller voir ce qu’offre Mullaghmore ce matin. Le spot est très impressionnant. La marée descendant depuis 3h, les rochers sortent de l’eau, la vague est méchante. Ce n’est pourtant pas un gros Mullaghmore, mais c’est aussi ce qui la rend plus dangereuse puisqu’elle est encore plus près des rochers que lors des très grosses houles.

Après quelques sets que nous observons du haut de la colline, je choisis de m’y frotter. Je n’avais pas vraiment prévu de surfer cette vague, je prends alors la planche la plus longue que j’ai sous la main : une 6’6 Chipiron surfboards montée en single (1 dérive). Une fois dans l’eau je comprends alors à quel point les vagues ne sont pas assez grosses. Les tubes cassent exactement sur la dalle. Il n’y a que les plus grosses vagues de séries qui sont surfables puisque plus loin des rochers, mais elles n’offrent pas de tubes, seulement un take-off bien engagé avec un rocher en face qui n’attend que le wipeout. Nous sommes quatre au spot, la session se passe bien. Je prends 5 ou 6 vagues et sors de l’eau. La dose d’adrénaline prise pour la journée nous cherchons maintenant une vague plus accueillante pendant un bon bout de temps, pour finalement finir sur la vague la plus proche de notre logement, une vague déroulant en gauche et en droite, que tout trois apprécions autant. Les lumières sont belles, les vagues au rendez-vous, le froid aussi.

C’est une journée réussie pour cette 5ème journée en Irlande. La nuit tombée nous allons nous réchauffer dans un pub un peu sombre mais non moins hospitalier, pour clôturer cette avant dernière journée. 

Jour 6


Le vent n’est pas comme prévu, complètement on-shore. Nous faisons la tournée des spots mais rien ne nous attire réellement, d’autant que la pluie et le froid sont aujourd’hui de la partie. Pourtant nous sommes ici, alors il faut se motiver.

Damien et moi, plus motivés que jamais dans cette journée hostile, allons surfer The Peak, la vague d’hier, où il n’y a personne. Mais dans l’eau c’est une heureuse surprise puisque le vent est tellement fort qu’il lisse les faces de vagues et rend la session vraiment sympa. Quelques locaux nous rejoignent, toujours aussi accueillants. Nous partageons avec eux cette session ventée mais fun jusqu’à ce que le vent se renforce encore et nous oblige à sortir. Hors de question de se laisser gâcher la journée à cause d’un simple vent. Nous allons visiter le pays pour l’après-midi. Notre légendaire photographe Yann souhaite aller voir une forêt réputée, non loin d’ici. Il disait vrai, la forêt, majoritairement composée de bouleaux et de sapins est magnifique, et les falaises en arrière-plan encore plus impressionnantes. Nous marchons alors quelques kilomètres à travers celle-ci. Les chaussures y succombent évidemment une fois de plus. Mais ce lieu en valait largement la peine. Nous rentrons à la maison, nous devons packer les planches, préparer les sacs et faire un peu de rangement. Le trip est déjà terminé.

Un grand merci à Damien Marly et Yann Perez, jusqu’au bout fidèles dans leur humour, dans leur énergie positive et leur motivation de tous les jours.

A l’année prochaine pour de nouvelles aventures !